Le myriapode du caractère

Publié le par SAM

Myriam. Un prénom à l’étymologie époustouflante. Marie en hébreu. Rien que ça ! A défaut d’avoir été engrossé miraculeusement à la venue d’un ange, j’ai enfanté dans la douleur.

Myriam signifie princesse des eaux, moi qui aie eu longtemps peur de mettre la tête sous l’eau…. Aujourd’hui je nage la brasse coulée mais en longeant le bord pour me rattraper si un malaise me prendrait, où si je buvais la tasse. On n’est jamais trop prudent !

Le préfixe myria signifie dix mille ou plus largement «  un grand nombre indéterminé ». Ce qui expliquerait toutes les facettes qui composent le kaléidoscope de ma petite personne.

 

Petite oui… mais pas naine. Aucun complexe avec ça ; si ce n’est quand je dois dire bonjour à une grande asperge mâle à la pointe appétissante. Là, je deviens minuscule. D’ailleurs le sol se rapproche vertigineusement de moi…

 

…mais costaud ! Une belle bête bien dodue. Une jolie petite boule. Elevée au grand air et bourrée aux camisoles chimiques. Enfin, plus maintenant. Ça c’était après un accouchement traumatisant et une dépression post-partum carabinée. Une mince affaire réglée par 8 ans de thérapie inutiles, par 10 kilos en bonus, une libido en grève, des amnésies, des difficultés de langage : bafouillis, inversion de mots…j’étais comique indépendamment de ma volonté, sauf que ça ne faisait rire personne, même pas moi. 5 ans de burn out !

Une mince affaire réglée… par le José Bové qui sommeillait en moi.

Un jour, je me suis réveillée, et les yeux ouverts, pas à moitié, bien grands, recevant la lumière, les couleurs, les sentiments, le joie, les douleurs…la Vie.

Je me la suis prise en pleine tronche, tellement qu’elle a dégouliné en flots ininterrompus sur mon visage de statue, me lavant du sel de mes amers. Sentiments confus : joie, peur, colère.

Ouf ! je me suis réveillée : la joie.

Mais j’aurais pu ne pas me réveiller : la peur.

Et si je ne m’étais pas réveillée : la colère.

Putain, je suis en vie ! Vivante !

 

Et le trou noir ou blanc, selon les goûts : échec ou mat. Du vide. Et ça n’a pas de couleur le vide. Trou noir, ça comble. Ça rassure. Le pire, c’est qu’on sait qu’il n’y a rien du tout.

Le vide.

 

Je n’étais qu’une marionnette anesthésiée, lobotomisée médicalement.

Ça ou la mort ! N’est –ce pas du pareil au même ? Sauf que cette mort-là, je l’ai vécue. Le souvenir en moins.

Le positif, c’est que ce n’est pas du définitif. J’en suis revenue, en me lamentant d’avoir perdu 5 ans. C’est mieux que d’avoir perdu la vie entière. Sauf que si c’était le cas, je ne pourrais plus me poser cette question.

 

Bref, je suis de retour. Les projets se bousculent.

L’écriture, le chant, les rencontres.

L’écriture et le chant : mes premières amours que j’ai tant bien que mal essayé de quitter d’un adieu irrévocable. Mais elles n’ont pu se résoudre à la rupture. Les revoilà dès que l’occasion se présente. Toc Toc , c’est nous que v’là !

Elles me séduisent d’une sérénade au balcon de mes neurones ou ce qu’il en reste. Mots succulents, musiques langoureuses. Elles sortent le grand jeu sur l’échiquier de mes passions. Elles savent ce qui me mettra en échec.

La page qui se dandine sur le bureau. Le crayon qui tournicote ( un vermifuge peut-être ! ) Je suis sous le charme. Et je cède.

Je happe le crayon. Un court circuit picote ma paume puis circule le long de mon bras. Ah ! c’est l’extase. Un coup de foudre sylvestre.

Le crayon se raidit sous les gestes de mon poignet qui le dirigent afin de former les lettres sur le papier. Il déverse avec fougue tout ce qu’il a retenu pendant tout ce temps. Il court sur le papier qui sue de la chaleur de ma main, le papier humide qui s’arc boute contre la fièvre de mes mots. Je délivre les sentiments emmurés durant ces 5 années. Je m’exprime. Je m’expanse. Je m’évase.

Le papier, le crayon et moi, une triangulaire charnelle. Mes tripes sur un plateau de fibres végétales. Je crie, je hurle ; le crayon enrage, dégueule ; la feuille mouille, gémit… Ah, orgasme naturelle ! La mine se casse. Nette.

Publié dans Textes courts

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Ce texte prend à la gorge, tant il est intime , intense, poignant, courageux, et l'on de peut que saluer ce courage là et cette renaissance en te souhaitant que les derniers obstacles se lèvent , et puis  tes tourments  passés  tu en as fait ta force , ta personnalité unique et entière ,  une source de  belle créativité , alors continue  à vomir le pire pour savourer le meilleur  !bises chrystelyne
Répondre
X
bonjour et bisous d'un gars pressé. Xavier
Répondre
N
Ce n'est pas si facile de se mettre à nu comme ça sur le papier. Et surtout le publier. En ce qui me concerne, j'ai du mal à publier les textes déjà écrits qui parlent de moi. Je préfère diluer au compte à goutte des infos perso plus ou moins dissimulées dans les textes que je publie. Mais chacun son truc ! En tout cas, beaucoup d'émotions dans ton texte. NanouPS : je te réponds dès que je peux au sujet des mails que tu m'as envoyés hier soir et que je n'ai que pu lire... Les commentaires sont donc à suivre !BisousAnne
Répondre