L'amitié à l'ère du jetable

L’amitié représente pour moi une notion précieuse que l’on doit chérir avec délicatesse. Je ne sais pas comment elle naît en les cœurs, cela reste un grand mystère.

Deux personnes se rencontrent. Soit l’amitié est instantanée, un éclat d’évidence qui incitera les bouches à se parler, les lèvres à se sourire. Soit l’amitié, telle une fleur timide, prendra son temps pour croître à l’engrais de la confiance.

Entre nous, ce fut un peu des deux. Le goût d’être ensemble, de partager des moments de complicité, puis l’envie de se voir, revoir, connaître nos familles, nos demeures ;

Quatre années où je prenais mes aises, où tu te confiais davantage.

L’assurance de pouvoir compter l’une sur l’autre, nous rendre de menus services.

Une amitié, sereine et douce, qui écoulait son miel tranquillement dans nos cœurs.

Soudain, des coups de fil auxquels tu ne réponds plus, des coups de sonnette que tu laisses retentir dans le silence de ta porte close.

Plus tard, tu m’as mentie en prétextant des absences.

Cette amitié que nous étions deux à vivre, ensemble, tu as décidé seule d’y mettre un terme.

Alors, dans tout ce que j’ai pu écrire ici avant, ne me suis-je pas avancé trop vite en employant la première personne du pluriel ? Ne t’ai-je pas associée contre ton gré à des émotions que j’ai été la seule à ressentir ?

Quelque soit les raisons que tu as évoquées enfin, après que j’aie insisté fortement pour que tu me les avoues, me paraissent puériles, alors qu’elles sont conformes à ta vérité.

Ma vérité me dit que tu m’as sacrifiée sur l’autel de ta tranquillité.

Ma famille et moi ne viendrons plus mettre la chienlit dans ta petite existence.

Ta décision t’appartient, et je la respecte. Je ne peux faire que cela.

Tu as voulu colorer de modernité ton univers si bien rangé. Tu t’es mis à l’ère jetable : mouchoirs, appareils photos, couches, briquets, rasoirs, linge ( eh oui !!!! ) . Sitôt consommés, sitôt jetés !

Comme un produit, tu m’as consommée, tu m’as jetée.

Les moments délicieux passés en ma présence n’ont pas eu la peau de ta sainte tranquillité. N’ont-ils même jamais existés pour toi ?

Bien sûr, ta décision m’a été difficile à admettre. J’ai revêtu le deuil durant deux jours, transportant à bras le corps cette amitié assassinée comme un cadavre auquel me raccrocher, puis, je lui ai rendu sa liberté, parce que la meurtrière dans cette histoire, ce n’est pas moi, je n’ai rien à me reprocher. Je n’ai fait qu’accepter un état de chose qui ne me convenait pas.

Tu m’as déçue par ta non-sincérité, et ta non-compréhension, qui pour moi sont les deux mamelles de l’amitié.

Au fond, je suis contente d’avoir découvert ton vrai visage et ne t’avoir pas accordé plus que tu ne le méritais.

Ne t’inquiète pas pour moi, notre petite mésaventure ne me dégoûte pas le moins du monde de l’amitié. J’ai d’autres amis qui eux me comprennent et me prennent comme je suis.

Justement, vous, mes chers amis, ( je ne me risquerai à aucun nom, afin de ne pas me fourvoyer une nouvelle fois ), ceux qui me restent encore, ayez la franchise de vos pensées.  Si je vous ai octroyé ce statut d’ami et que vous l’avez validé, vous devez savoir qu’avec moi il est possible de parler à cœur ouvert. Néanmoins, ne vous permettez jamais d’émettre un jugement sur ma personne, car je suis déjà bien assez intransigeante envers moi-même sans avoir besoin de la cavalerie au grand complet.