En équilibre
Moi clé de sol
Enroulée à la ligne
Je me console
Je suis une maligne
Je m’affiche
Avec des dièses
A l’aise
Et des bémols
Que j’aguiche
Bien droite
Sur la partition
Adroite
Je guide les sons
Des notes
Qui chevrotent
Sur le violon
Je symphonise
La gamme
Que s’harmonise
Le charme
Je suis funambule
Je déambule
Sur la ficelle
Tendue
J’excelle
Dans cet art ténu
En équilibre
Sur un fil
Une fibre
Qui défile
Sous mes pieds
Je me balance
Téméraire
Je danse
Dans l’air
Pas de filet
J’évolue
Sous vos bouches bées
Et vos regards émus
Je suis femme au foyer
Gymnaste du ménage
Jonglant avec les balais
Chez moi ça déménage
Le linge sur le séchoir
D’une pince accroché
Oiseaux sur le perchoir
La tête renversée
Me supplient
De les décrocher
Je me plie
A leur volonté
Mais la feuille m’attend
Le stylo piétine
Je me défends
Je me débine
Vaincue, je m’assieds
Je dépose mes idées
La vie enfin reprend
Je me sens libérée
Moi la femme délaissée
Je recolle les morceaux
De cette poupée brisée
Epouvantail de lambeaux
Je virevolte
Entre tous ces gens
Je vire et volte
Parmi ces vivants
Tiraillée
D’un côté puis de l’autre
Entre enfer et paradis
Morcelée
Par les fêlés, les apôtres
Choisir la mort ou la vie
Soudain une voix fait rage
A l’intérieur de mon tronc
Elle s’impose, fait barrage
Contre l’envie d’abandon
Je me relève, transie
Au soleil qui me sourit