En l'absence de l'animus*
Juillet
Exaltation
Des envies de voyages
Une ribambelle de bagages
A la queue leu leu dans le hall de gare de mon crâne
Des vadrouilles en voiture
De promenades en balades
Des paysages verdoyants
Eblouissent les possibles de l’ailleurs
Vivre enfin
Août
Désespérance
T’ais-je abandonné sur le bord de la route
Comme on délaisse son chien au partir des vacances
Mon animus ?
De l’inspir plein la tête
L’écraser sur les murs comme une citrouille trop mûre
La faire éclater
Que les corbeaux viennent s’en repaître
Que toute cette matière serve à nourrir quelqu’un
Où es-tu, dis ?
Reviendras-tu ?
Octobre est déjà bien avancé
Le froid est arrivé
Tu n’as pas pris d’écharpe, ni de gants
Reviens-moi
Je te réchaufferai au feu ardent de mes délires
Mais le saurais-je encore
Ecrire ?
Secoue en moi l’énergie dormante
Cette eau stagnante qui croupit
Fais la glouglouter
Fais la jaillir
Si tu savais combien j’ai peur
Peur de ne plus savoir
Peur de ne plus pouvoir
Peur de ne plus devoir
Aligner ces mots les uns au bout des autres
Une rivière qui s’écoule de moi
Cette force qui circule de mon corps à la feuille
Toutes ces idées dans le verger de ma tête
Des fruits qu’il faut cueillir avant qu’ils ne pourrissent
C’est tous les jours le printemps
Ça bourgeonne, ça éclos, ça fleurit
Je n’ai plus le courage d’aller au champ
Point de moisson
Les blés se fanent, courbent l’épi
Point de saison
Mon animus, souffle de vie
Vient me soutenir
Je suis si vieille
Sois ma canne
Ne me laisse pas prendre racine
Dans cette terre hostile
J’ai besoin de bouger, sautiller, danser
Sois la petite musique qui relancera la mécanique
Mon animus, je t’en prie
Fourmille mon âme
Démange mes doigts
Pour que dans un élan je me jette sur toi
Et que sur la page je m’épanche
Comme autrefois
Tu es venu, je l’ai senti
Mais la fatigue déjà te nuit
Mes yeux se ferment
Tu t’évanouies
Mon animus…
* l’animus est la part masculine de la femme, qui a son pendant chez l’homme : l’anima.